Chapitre 13 : où l'on parle du Maître du Monde et du parapluie

On a eu précédemment le loisir d’avoir quelques détails sur le plumage de l'Hôtesse d'accueil : on sait ainsi qu’elle est contrainte et forcée de porter une seule et même tenue durant une saison entière, les couleurs, tissus et motifs étant comparables à ceux de la cravate du Maître du Monde – « d’un mauvais goût atroce », pour ceux qui suivent. Mais, le détail de ces tenues follement « in », surtout dans la Chine profonde où elles sont fabriquées (et portées), là n’est pas l’objet de ce chapitre : le sujet du jour repose sur un petit objet que l'Hôtesse d'accueil a cette fois le libre-arbitre de choisir, taille et couleur confondues ; un objet qui peut certes paraître insignifiant, mais qui, dans un immeuble de Maître du Monde, connaît régulièrement son heure de gloire, surtout l’automne et l’hiver – et à bien y réfléchir, depuis quelques années, le printemps et l’été aussi : il s’agit du parapluie.

Chapitre 12 : où l’on parle des aventures du Maître du Monde dans l’ascenseur

Au même titre que la porte, l’ascenseur joue un rôle fondamentalement fondamentalique dans la vie du Maître du Monde. En effet, l’ascenseur n’est pas moins que le pire ennemi numéro 2 du Maître du Monde. Voyons un peu pourquoi.  

Le Maître du Monde régnant, comme son nom l’indique, sur le monde, il officie nécessairement dans un immeuble aux dimensions titanesques. Or, pour de nombreuses raisons, ces dimensions titanesques s’appliquent dans le sens de la hauteur et non de la largeur. En effet, allez savoir pourquoi, le Maître du Monde aime la hauteur. Peut-être est-ce parce que l’idée de se rapprocher du Ciel, c’est-à-dire de Dieu, lui plaît, étant une métaphore de ses intentions véritables (on se gardera bien alors de lui révéler que, d’après les philosophes déistes du XVIIIe siècle, le Paradis siège en fait dans le monde souterrain, tandis que l’Enfer se trouverait dans le Soleil : il le découvrira de toutes façons bien assez tôt.)

Chapitre 11 : où l'on parle des stagiaires, c'est-à-dire des apprentis Maître du Monde

Voyons, à quoi tient la différence entre un stagiaire Maître du Monde et un Maître du Monde junior ? Elle vient de ce que le stagiaire Maître du Monde applique pour la première fois les théories qu’il a apprises dans sa grrrrrande école, tandis que le Maître du Monde junior, lui, est déjà rôdé et est en voie de passer maître en la matière. Or, le passage de la théorie à la pratique est toujours délicat. Prenons un exemple au hasard : la démarche. En effet, tout apprenti Maître du Monde suit, dans sa grrrrande école, un séminaire sous la direction d’un professeur visant à lui apprendre à marcher comme un Maître du Monde – un cours sanctionné par un examen terminal portant pour une part non négligeable dans la note finale.

Chapitre 10 : où l'on parle des chouchous de l'Hôtesse d’accueil

Oui, au vu de la conclusion du chapitre précédent, la transition était toute trouvée - d'autant plus que toutes mes lectrices (les secrétaires) sont venues me voir en disant : "Alors c'est vrai, elle a des chouchous, l'Hôtesse d’accueil ?" Et chacune d'ajouter : "J'en fais partie, j'espère...? - Assurément," répondis-je d'une voix suave. Et mon nez ne s'allongea pas pour autant. Comme je l'ai dit plus haut, en effet, les secrétaires sont, sauf erreurs de la nature, les copines de l'Hôtesse d’accueil. Mon chouchoutisme leur est donc automatiquement acquis. En revanche, pour ce qui est des Maîtres du Monde... Rien n'est moins sûr. Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître au vu de ce qui a été dit plus haut, il y a des Maîtres et même des Maîtresses du Monde que l'Hôtesse d’accueil affectionne particulièrement. Rassurez-vous, vous allez comprendre.

Chapitre 9 : où l'on apprend qu'il y a un "jeu de l'Hôtesse d’accueil" (partie II)

Après les élèves, voyons les maîtres - les Maîtres du Monde seniors. 

Un Maître du Monde senior est, grosso modo, un Maître du Monde junior avec trente ans de plus, c'est-à-dire qu'il a réussi, ou est sur le point de réussir, à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé au moment de commencer sa carrière : approcher le plus possible Dieu, voire devenir Dieu lui-même : le PDG. Or, on n'atteint certes pas le Paradis via un chemin semé de pétales de roses : l'histoire d'Hercule, qui dut accomplir pas moins de douze travaux pour obtenir le salut de son âme, en est un symbole éloquent. Aussi, la moindre des choses que l'on puisse dire du Maître du Monde senior, c'est qu'il a vécu. En fait, il ressemble à un vieux loup de mer :

Chapitre 8 : où l'on apprend qu'il y a un "jeu de l'Hôtesse d’accueil" (partie I)

On a vu précédemment que l'Hôtesse d’accueil, dans un instinct de survie, lutte contre le triste sort qui est le sien en s'efforçant de chercher (et de trouver) des points positifs à son statut - l'écriture de ce petit texte en est la preuve. Outre l'indéniable enrichissement en matière philosophique, l'Hôtesse d’accueil a tout de même quelques occasions de s'amuser : il y même un "jeu de l'Hôtesse d’accueil". 

Le "jeu de l'Hôtesse d’accueil" consiste, pour résumer, à faire plier les Maîtres du Monde les plus terribles au point de leur faire dire "bonjour" à l'Hôtesse d’accueil - un jeu très difficile, on l'aura deviné.

Chapitre 7 : où l'on reparle des Fables de La Fontaine

Oui, voici un scoop : j'ai en ma possession le manuscrit d'une fable de La Fontaine inédite, intitulée La Mygale et le Frelon. Qu'on ne me demande pas comment je l'ai découvert, je suis tenue au secret. Avant d'en révéler le texte, en voici la trame de fond en traduction moderne. C'est-à-dire - comme par hasard - relative à l'univers de nos Maîtres du Monde.

Mygale, on s'en souvient, a déjà été présentée précédemment. Mais ce qu'on ne sait pas (encore), c'est qu'elle a un homologue masculin : le Frelon, abrégé de François-Eymeric de Longduché.